Incendie du Parlement de Bretagne : 30 ans déjà !

Il y a tout juste 30 ans, dans la nuit du 4 au 5 février 1994, le Parlement de Bretagne était victime d’un des plus violents incendies jamais connus en Ille-et-Vilaine. Un événement qui a profondément marqué la population bretillienne.

Ce jour-là, l’activité avait été dense. La manifestation des marins-pêcheurs dans le centre-ville de Rennes avait pris des allures de guerre civile. Départs de feu çà et là, blessés à prendre en charge… Après une journée éreintante, les sapeurs-pompiers pensaient enfin pouvoir souffler. Pas pour longtemps. A 00h29, le CTA de Rennes reçoit un appel. Une personne puis une deuxième affirment que le Parlement de Bretagne est en feu. Des flammes sont visibles au niveau du cadran solaire et une odeur de bois brûlé se dégage du bâtiment. Les sapeurs-pompiers constatent à leur arrivée l’ampleur sinistre. Le feu semble couver depuis plusieurs heures et les combles ne sont plus qu’un immense brasier rougeoyant. Les sapeurs-pompiers assistent alors à une scène incroyable : les flammes s’élèvent plus de 30 mètres de haut. Le développement du feu est extrêmement rapide. Des escarbilles retombent à plusieurs centaines de mètres.

 

UNE NUIT D’ACTIVITÉ SANS RELÂCHE

Très vite, une reconnaissance est réalisée à l’intérieur du bâtiment et d’importants moyens de secours sont demandés en renfort. Au fur et à mesure de leur arrivée sur les lieux, un dispositif est mis en place afin d’attaquer massivement le foyer principal par l’extérieur. Dans la phase d’attaque, jusqu’à 150 sapeurs-pompiers venus de tout le département luttent ensemble pour l’extinction de cet immense brasier. L’objectif est d’éviter la propagation aux immeubles adjacents des rues Hoche, Victor Hugo et Salomon-de-Brosse qui se trouvent particulièrement exposés au rayonnement du feu. En effet, l’incendie est d’une telle intensité que la chaleur se ressent à plusieurs centaines de mètres de distance. Cependant, le débit des poteaux incendie s’avère vite insuffisant. L’alimentation en eau est alors effectuée dans la Vilaine par 6 lignes de diamètre 110. Il est également urgent d’assurer la protection des œuvres d’art et des biens divers. Plusieurs équipes tenteront d’y parvenir, mais l’effondrement d’une partie de la charpente rend inaccessibles les communications existantes.

Le feu est circonscrit à 2h12 du matin, alors que 15 grosses lances (7 sur EPA et BEA) et 6 petites lances sont en manœuvre. Les actions de lutte entreprises s’avèrent payantes. A 4h45, les sapeurs-pompiers sont enfin maîtres du feu. Toute la nuit, des sapeurs-pompiers venus de l’ensemble du département se relaient pour éteindre le feu.

 

DES DÉGÂTS COLOSSAUX

Le dispositif de lutte est allégé vers 7h30 mais les opérations d’extinction complète sont rendues difficiles du fait des risques d’effondrement des restes de la charpente et des planchers. Des sociétés privées sont sollicitées pour procéder à l’étaiement du bâtiment très endommagé. En effet, la toiture d’une superficie de 200 m², et le deuxième étage sont totalement détruits. La cheminée qui menace de s’effondrer doit être démolie. Au premier étage, seulement 40% de la superficie a été préservée. D’importants dégâts sont dénombrés au rez-de-chaussée et le sous-sol est inondé.

Les sapeurs-pompiers sont alors sollicités sur les opérations de dégarnissage. L’extinction de décombres de la bibliothèque est laborieuse. Elle nécessite une fouille minutieuse. Plusieurs tonnes de documents doivent être triées avant de déblayer. Il faut procéder à l’enlèvement des objets d’art qui ont fortement été endommagés par l’eau sur les bois peints. Jusqu’à 75 hommes participent aux actions de protection et de déblai qui se termineront le samedi 12 mars à 14 heures.

Côté humain, l’intervention a également laissé des traces chez les sapeurs-pompiers puisque trois d’entre eux sont blessés durant cette nuit. Henri Gauthier (aujourd’hui décédé) et Jean-Yves Guesneux (en retraite) du CIS de Rennes Le Blosne se retrouvent pris dans l’effondrement de la toiture et des étages supérieurs du bâtiment. Henri Gauthier qui a été enseveli sous les matériaux est secouru par des collègues ; il est gravement brûlé. Jean-Yves Guesneux a perdu son ARI dans le choc ; il est intoxiqué et mis sous oxygène. Alain Tanguy (anciennement au groupement des services techniques) au CIS de Rennes Saint-Georges, positionné en haut d’une échelle se retrouve brûlé au 3ème degré, en ayant été exposé au rayonnement du feu de manière prolongée.

 

MOYENS OPÉRATIONNELS MIS EN ŒUVRE DURANT LA PHASE D’ATTAQUE 

10 FPT – 3 CD – 2 VSAV – 1 VPRO – 1 PC – 2 BEA – 6 EPA – 1 échelle remorquable – 1 cellule éclairage, compresseur, 5 MPR en aspiration dans la Vilaine, soit 150 sapeurs-pompiers de tout le département.